DNA : Phallique – Fertile, ce grenier à grains high-tech a été conçu par des designers marseillais dans le cadre d’un projet social dans le Pas-de-Calais…

« DNA », car ce meuble de rangement peut passer d’une position « linéaire » à une forme hélicoïdale évoquant celle de l’ADN. Ou d’une position masculine, dite « phallique » à une forme féminine, « fertile »… « Il s’agissait de représenter la chaîne de la vie », explique le designer Edouard Vincent, concepteur avec Manon Legros de ce drôle de projet mêlant design et questions sociales.
DNA est le fruit d’une commande émanant des « Maisons des enfants de la Côte d’Opale », structure d’accueil pour jeunes en difficulté, située à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Elle avait envoyé une centaine d’enfants dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique : un voyage initiatique au cours duquel ces derniers devaient collecter des graines d’espèces végétales spécifiques à chaque région traversée. Le duo de designers marseillais avait pour mission d’imaginer un meuble dans lequel ces graines pourraient être stockées… et conservées. « Cela nous a demandé deux ans de travail, nous apprend Edouard Vincent. La difficulté principale résidait dans l’élaboration d’un système de ventilation interne pour gérer l’hygrométrie. »

ESPACE, TECHNICITÉ, ESTHÉTIQUE

Grenier à grain dans le Boulonnais, DNA peut être décliné en différentes variations et s’avérer très utile à « tous ceux qui ont besoin de mettre des affaires à l’abri de l’humidité : collectionneurs de timbres ou de cigares… Ou ceux qui ont 60 paires de pompes ! » Ce « meuble d’accumulation » constitue un système de rangement ingénieux mêlant espace, technicité, et esthétique. Dans sa forme initiale, il est composé de 15 unités en forme d’ellipse, superposées les unes aux autres. En son cœur, un mât vertical « évidé comme un tube » sert d’axe central autour duquel tournent les 13 tiroirs autoportés. Il assure aussi la circulation de l’air. Une force invisible composée de puissants aimants cachés à l’intérieur des tiroirs structure et modèle le meuble dans ses deux formes de référence, « masculine » et « féminine ».
Le 15 juillet dernier, DNA a pris place à Boulogne-sur-Mer. Dans un ancien pigeonnier, une salle lui est désormais spécialement dédiée. Il trône au centre, comme un totem en son temple. « Dans 20 ans, un jeune pourra revenir chercher sa graine, elle sera là, reprend Edouard Vincent. C’est une façon de dire à ces enfants qu’il y aura toujours ici une trace de leur passage dans la vie. »

Par Bertrand Ors

automne 2011 8e art magazine p19

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